Banyamulenge, la traque et la décimation

par | 1 Juil 2021 | Brèves

01/07/2021

Hier 30 juin à 17h30, à Minembwe, sur les hauts plateaux de l’Itombwe, dans le Sud-Kivu, province orientale de la République démocratique du Congo (RDC), quatre femmes appartenant à la communauté munyamulenge -Namuhoza Bibiyana de 60 ans, Nanjanju Véronique de 72 ans, Royi Mituzo de 78 ans, Nantabara Nantonesha de 38 ans et un homme de 30 ans appelé Bitwenge ont été exécutés par l’armée.

Les militaires de la 12ème Brigade de réaction rapide des Forces armées de la RDC (FARDC) seraient les responsables de ces meurtres, selon le correspondant de Guerre Moderne qui a recueilli les témoignages des habitants de la commune.

Le 25 juin, un jeune munyamulenge de nom Nzabakiza avait été assassiné à bout portant par un soldat de la même unité de l’armée dont un membre, deux jours auparavant, avait tué une jeune femme appelée Gentille.

Depuis la mi-mars dernière, les attaques contre les villages des Banyamulenge se sont intensifiées, notamment sur l’axe Murambya-Minembwe. La traque contre cette communauté de pasteurs -dont les débuts de l’immigration dans l’est de la RDC, depuis celui qui était à l’époque le Royaume du Rwanda, remontent à il y a trois siècles- a démarré en 2017.

Y participent notamment un ensemble de groupes armés locaux, dits Mai Maï et issus des communautés Bembe, Fuliro et Nyindu, et les combattants burundais de Red Tabara, soutenus par le Rwanda. Les uns sont les milices des politiciens extrémistes du Sud-Kivu qui « accusent » les Banyamulenge d’être des étrangers ; les autres agissent pour le compte de Kigali, dont le contentieux avec les Banyamulenge date de 1996, au début de la guerre de libération contre la dictature mobutiste, puis de 2002, à la fin de la 2ème guerre du Congo. L’armée congolaise soutient ces groupes en leur fournissant armes, munitions et en libérant, pour leur passage et leur repli après les offensives, les couloirs de transit proches de ses positions.

Ces incursions sont particulièrement effrayantes et accompagnées par la tactique militaire de la terre brûlée, avec pillage, vol de bétail et incendie des villages. A Murambya, le 29 mai dernier, deux enfants de quatre et cinq ans ont été carbonisés dans leur domicile mis en feu par les assaillants.

La résistance des Banyamulenge contre ce qui est à l’évidence un projet de déracinement et de déportation mené par les unités spéciales des FARDC, dont la 12ème Brigade, s’est organisée autour des groupes d’auto-défense Gumino et Twiranewo.

A la chasse de ces combattants et de leurs bases de repli, l’armée n’hésite pas à recourir à la torture. Le 13 juin, des hommes aux ordres du général de brigade Gaby Boswane, commandant de l’Opération Sukola2 au Sud-Kivu, ont arrêté une dame appelée Peninah et son bébé de quelques mois avant de les enfermer dans un container non ventilé.

Les nombreuses femmes Banyamulenge qui se sont rassemblées en signe de protestation pendant plus d’une semaine près du container, ont été brutalement tabassées par les militaires du colonel Guy, envoyé par le général Patrick Opia, actuel commandant de la 12ème Brigade de réaction rapide, qui est basée à Uvira, d’où partent les attaques contre les Hauts Plateaux.

Depuis le 20 et le 28 juin respectivement, séjournent au Sud-Kivu les généraux Bob Ngoy Kilubi, commandant de la 33ème région militaire, et Philémon Yav, commandant de la 3ème zone de défense. Ce dernier, surnommé « le tigre de Kabila », avait été épinglé dans un rapport du groupe d’experts de l’ONU qui le soupçonnait d’avoir remis des armes au groupe des anciens génocidaires rwandais –FDLR– en 2007.

A l’heure actuelle, vu la succession des événements et leur tournure, la communauté munyamulenge est à risque, sinon de survie, au moins de déportation.

Ce qui s’appelle « génocide par substitution ».

LE

 

Illustration:
Nous condamnons fermement le massacre de 5 Banyamulenge sans défense de Minembwe ; Bitwenge Bizuru (jeune homme) & 4 femmes Nyantabara (enceinte), Namuhoza Bibiyana, Royi Mutuzo & Nantabara Nantonesha.” 1er juillet 2021. Mahoro Peace Association (MPA), @MahoroMpa

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