Bavures
Directrice des opérations de Médecins sans frontières au Mali, Isabelle Defourny a répondu aux questions de notre confrère Cyril Bensimon (Le Monde Afrique,12 janvier 2020) sur les événements du 3 janvier à Bounti.
Après avoir confirmé, via les témoignages des blessés rescapés du bombardement – pour la plupart des gens âgés de plus de 60 ans et non des combattants –, que les frappes se sont bien déroulées pendant un mariage, elle a fait des révélations sur un deuxième « incident » : « Le mardi 5 janvier, lors du transfert de trois des blessés à l’hôpital de Sévaré, l’ambulance de MSF a été arrêtée à un barrage par des hommes armés, probablement une milice dite “d’autodéfense”. Les passagers ont été ligotés, violentés et laissés en plein soleil pendant plusieurs heures. Un des blessés est décédé dans ces conditions. L’équipage a finalement été relâché et l’ambulance a pu arriver à Sévaré. »
Objective ou subjective, cette curieuse synergie des frappes de « Barkhane » avec les agissements d’une milice ne serait pourtant pas rare. Depuis 2013, les officiers des opérations françaises au Mali (« Serval » et « Barkhane ») entretiennent des relations avec les groupes armés, notamment le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) et le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA), en première ligne dans les persécutions contre la communauté peule.
Ainsi, une coïncidence semblerait à exclure…
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