Le biologiste Patrick Berche, ancien président de l’Institut Pasteur de Lille et ancien doyen de la faculté de Medecine Paris-Descartes, signe fin 2020 un intéressant article dans les très sérieux Cahiers du Comité pour l’histoire de l’Inserm.
Il y rappelle que grâce aux remarquables progrès de la manipulation génétique d’agents infectieux avec « gain de fonction », on a pu, en 2005, identifier et ressusciter le virus létal H1N1 de la grippe espagnole, disparu depuis 1918 :
« Les chercheurs ont d’abord reconstitué l’ADN viral synthétisé in vitro à partir de la séquence du virus de la grippe espagnole, puis l’ont introduit dans des cellules préalablement infectées par un virus H1N1 inoffensif. L’ADN viral a été transcrit en ARN dans ces cellules, permettant ainsi de fabriquer quelques rares virus très virulents. En dix ans, le redoutable virus H1N1 a été identifié et ressuscité. Il s’est avéré 40 000 fois plus virulent pour les singes que les virus H1N1 de la grippe saisonnière, confirmant son extrême dangerosité. Il s’agit en réalité de la fabrication d’une arme biologique redoutable, qui est aujourd’hui stockée quelque part dans un congélateur d’un laboratoire militaire de l’Armed Forces Institute of Pathology. »
Patrick Berche fait également état des récentes controverses à propos de manipulations génétiques sur le virus H5N1 de la grippe aviaire. Ce virus est « extrêmement virulent pour l’homme » (avec un taux de mortalité pouvant atteindre 50 %). S’il n’est pas contagieux entre humains, en créant certaines mutations, les scientifiques ont déjà réussi à le rendre contagieux entre mammifères…
Comme le rappelle le scientifique, ce type de manipulation pose d’importants problèmes éthiques et de droit international, notamment sur le respect des traités d’interdiction des armes biologiques.
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